Les mémoires d'un vieu juge...

Le juge fou et son greffier entrèrent doucement dans la taverne. L'abondance de tatouages ici et là, le bruit de quelques vagues se déchirant sur la falaise et l'odeur faisandée des dockers lui rappelait sans nulles doutes les autres citées portuaires qu'il avait fréquentée. Les deux compères s'assirent à une table vide et commandèrent deux barons de bières car les dockers ne doivent pas plus petites quantités...

Une bière fraiche qans ces contrées ?

Et oui Cornéllius, les rumeurs racontent que Sombrespoir possède de nombreux et profonds souterrains. Cette caillasse est aussi une véritable forteresse soutéraine. C'est là qu'ils trouvent la fraicheur.

Deux dockers aux gros bras s'asseyèrent à la table des deux compères.

On voit rarement des étrangers par ici! Vous faites quoi dans le coin ?

Ben bonjour d'abord, euh... on a soif ?

Quoi t'as pas de taverne dans ton trou ? T'as la peau bien blanche!

Oui mais ce ne fut pas toujours le cas vois-tu. Je suis Hariwane le juge fou et voici mon greffier personnel, le sieur Cornéllius. Avant de sévir dans la Horde, j'ai tenu très longtemps le grand tribunal des Guerriers de l'Ombre.

Les Guerriers de l'Ombre ? Le dernier qui en a vu un vivant n'est pas tout jeune!

Oui, je le reconnais mais cette guilde a aussi eu ces moments de gloire. Tous les anciens de l'Ile connaissent la mine des plaisirs! L'antre des nain-phomanes du seigneur Obhur de Prok qui fut à la fois mon ancien diplomate mais aussi mon ancien chef! Tout comme vous, les Guerriers de l'Ombre étaient des marrins où du moins, vous vivions sur un rocher perché. Il y a bien longtemps de cela où Hariwane était encore l'homme de l'équité, le fervant défenseur de la justice. Mais la noirceur de deux ragnaroks ont eu raison de ma propre raison. Le chaos m'a permis de renaitre sans mourir pour autant.

Les verres des deux compères étaient déjà vides. Ils n'étaient toujours pas remis de leur voyage...

Cela faisait des lustres que le Roi de Fer n'avait pas pratiqué cette activité qu'il adorait autrefois, en Esperia. La descente en ville parmis les bouges et tavernes les plus sordides de la ville. Keldath n'ayant pas les scrupules moraux et autre soucis de clinquant de son père, peu lui importaient que ses interlocuteurs étaient d'anciens chasseurs de primes, nobles fauchés ou violeurs en série. Seule leur utilité importait.
Ainsi, tandis qu'Indoril prospérait (plus que de raison peut être, ce qui fit réfléchir Keldath sur les méfaits du bien être et l'amolissement du soldat trop bien nourri), le Roi de Fer s'en vint à la taverne où il reconnut parmis les titubants et les inquiétants le juge fou de Vashnak :

Et bien! Voilà une rencontre on ne peut plus surprenante!
Le Roi salua brièvement le visiteur tandis que les dockers s'écartaient sans mot dire.
Alors que cette bonne forteresse portuaire de Sombrespoir est emplie de rénégats et autres exclus de l'Empire voilà que les juges viennent jusqu'ici ! J'ôse espérer que vous n'êtes pas là pour des raisons..."professionnelles".
L'entourage de la taverne ria d'une voix rauque et sans aucune finesse.

Je me permet de m'inviter à votre table...pour votre sécurité bien sûr. Et comme vous avez été assez courageux pour venir jusqu'ici je paie les consommations.
Et c'est ainsi que mets nourrissants et bière enivrante furent promptement servis.

Ainsi vous avez été membre des guerriers de l'Ombre. J'ai entendu mon père Earnil longuement me parler de cette guilde durant mon enfance, de même que mon tuteur Malal d'Ashendale vous mentionnait. Je sens à votre ton et vois à votre regard que nous partageons l'intérêt mêlé de nostalgie pour un passé révolu.
Je suis fort aise que la paix règne désormais entre nos fratries respectives, non pas parce que cette guerre était particulièrement éprouvante, mais parce que j'estime qu'il y a mieux à faire avec un juge comme vous que de piller ses terres.
Et votre conflit avec les Joueurs Imprévus? Comment se déroule t-il? Votre politique belliqueuse est déplaisante mais je suis sûr que vous avez en face de vous des seigneurs à la volonté aussi forte que la nôtre.
Et si tel n'est pas le cas, que l'enfer les emporte...