Dame Halinna de Cérune

C'est à la faveur de la nuit, sous la protection des étoiles, que les cinq cavalières s'étaient glissées en les Terres des rudes seigneurs de fer. On disait les souverains de ces lieux aussi frustres et rustres que leurs terres. L'escorte ne serait pas de trop.

Comme si les mornes plaines traversées n'étaient pas assez lugubres, le brouillard ajoutait ici et là sa douce touche inquiétante. La sombre masse minérale du château ne tarda pas à apparaître tandis qu'elles fendaient le brouillard au trot.

Elles firent alors halte, sous les hauts murs de la forteresse Halinna se sentait affreusement vulnérable, un carreau d'arbalète et ça en serait fini d'elle.

Et si l'invitation du seigneur Olaviel de Labeladar n'était qu'un guet-apens, l'idée lui traversa un instant l'esprit. Finalement l'armure n'aurait pas été de trop non plus, qu'il s'agisse de diplomatie ou non. Qu'importe, elle avait sa fidèle épée au côté, ils ne sauraient la rançonner sans qu'il leur en coûte.

D'un geste de la main elle fit signe à son gonfalonier, celle-ci s'avança levant bien haut la bannière cérunéenne, azure et argent.

_ Dame Halinna souveraine de Cérune demande une entrevue avec les seigneurs-souverains de ces lieux afin de sceller alliance.

Le silence fut un temps la seule réponse.

Puis ce fut le croassement d'un corbeau.

Des ombres s'agitaient maintenant sur les remparts...

Du haut de son donjon, olaviel apercevait les bannières cérunéennes claquer au vent devant les hourds et les pont levis d'indoril.

Cette guerrière est d'une noblesse certaine, espérons que Keldath lui accorde audience maugréa l'ancien dans sa barbe

Les frimats hivernaux arrivaient. le vent du nord étant plus présent olaviel dit : allons, mes fidèles troupes, allons oxcire quelques poupreux avant de gouter un repos bien mérité. A l'abordage !!!!!! aie, mon dos....



HRP :Rassurez vous, dame Halinna, mon invitation n'était nullement un guet apens. je suis flatté que vous ayez réfléchi à la proposition faite il y a de cela quelques lunes

Decidemment, ce bouffon était des plus maladroits. Voilà deux fois qu'il ratait son numéro et le Roi de Fer n'en pouvait plus de cette voix nasillarde et stridente tout à la fois. Au début ses pitreries avait fait sourire le dur indorien, mais la lassitude l'avait gagné et il sentait que les victuailles dont ses compagnons de tablée s'empiffraient perdaient de leur saveur en la compagnie du pauvre bougre.
D'un geste pesant, Keldath le congedia. Mais le jeune pauvret était trop heureux de s'en aller et s'éxécuta avec trop de hâte. Glissant sur quelques morceaux de verre brisés (restes d'un numéro surpassant ses compétences), il s'effondra dans un petit cri et s'entailla les paumes. Alors les rires rauques fusèrent tandis qu'une servante se précipita pour le relever. Puis elle redressa la tête les joues rouges de honte d'avoir prit une telle initiative devant les Seigneurs de Fer assemblés, elle se retira alors en de petits pas rapides et silencieux.
Le bouffon allait s'eclipser sans demander son reste.
Arrête!
Le jeune homme maigrichon se retourna tout tremblotant.
Toi! Viens ici!
La jeune servante qui était revenu à sa place pâlit un court instant et vint en baissant le visage.
Ce bouffon a sauvé sa soirée, et puisqu'il te plaît je te charge de t'en occuper. Qu'il soit nourrit et logé durant une semaine. Il pourra mettre ce temps à profit pour s'exercer avec plus d'habileté. Espérons le du moins...pour lui.
-Ou pour nous!
Borgon barbe-rouge avait beuglé fièrement sa réplique tout en levant haut sa chope et la salle s'emplit à nouveau de rire.
La servante s'agenouilla brièvement et emmena le bouffon, trop heuruex de la suivre.
Un garde arriva alors, ses bottes laissant quelques traces humides et sa peau rouge de par la chaleur de la salle de banquet.
Une dame de haut rang a fait son apparition à la poterne Seigneurs, elle se dit seigneur de Cérune et veut "passer alliance".
Borgon, toujours debout, s'écria encore :
-Est elle assez jeune et belle pour chauffer nos lits?
Des rires fusèrent encore, Keldath se sentait encore plus las.
-Qu'on l'ammène céant!
-Ici Seigneur?
Bonne question. A coup sûr plusieurs des compagnons étaient dans un état d'ivresse avancée et les Seigneurs de Fer n'apparaîtraient pas sous leur jour le plus glorieux. Mais s'il la recevait en privée, ses deux collègues du Thing et les autres convives au mieux en jaserait, au pire s'en offusquerait.
-Oui, ici.
Le garde s'en alla. Keldath et les autres conscients de l'importance de la visite donnèrent des ordres pour que l'on nettoie les verres brisées, le vin sur les dalles et qu'on remette de l'ordre sur les tables....

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La petite troupe de Cérune patientait depuis quelques longues minutes. De fait on avait aperçu leur présence depuis un bon moment, mais les hommes du nord sont ainsi faits qu'ils ne se pressent pas pour ouvrir leurs portes aux étrangers.
Finalement les lourdes portes de bois bardées de fer s'ouvrirent dans un grondement sourd. Cinq hommes se tinrent sur le pont de pierre tandis qu'un sergent à la barbe brouisalleuse et grisonnante venait à leur rencontre. Il fit signe à la troupe d'entrer, sans un bruit.
Après quelques hésitations, la dame et ses gens firent avancer leurs montures dans la vaste cour. Si elle était d'un silence assez lugubre, de nombreuses formes s'affairaient. Et quelques paroles basses d'une langue rauque trahissaient des discussions.
Halinna ne put retenir une moue en voyant la rusticité et la grossierté des traits de bons nombres des gardes, ou même des objets. Cependant de nombreux détails contredisaient cette impression première.
La pierre était d'un noir d'ébène et des sculptures aussi étranges qu'intrigantes réhaussaient la forteresse. Les armes étaient abondantes et de qualité, et dans le regard des hommes on perçait une vivacité et une volonté...de fer.
Elle remarqua aussi que bien que bon nombres d'hommes étaient des "barbares" du nord, un grand nombre aussi venaient d'horizon divers : un elfe encapuchonné fumant la pipe, un demi orc buvant un vin chaud assis sur un tonneau, un chevalier à l'armure aussi abîmé que son blason était de bonne famille, une halfeline gloussant au récit d'un homme en bure... Bref, tout Teliarok se trouvait là. Et le sergent qui grommela quelques instructions à ses hommes ne faisaient pas exception à l'éclectisme ambiant. Son épée était digne d'un roi et sur son armure aux nombreuses entailles on distinguait des motifs de lions d'or dont les yeux scintillaient...d'un rouge rubis! La surprise dût se lire sur le visage de la belle Halinna, car le vétéran grimaça un sourire :
Je suis Eriak, j'ai servi il ya fort longtemps dans la garde d'élite du Roi de Fer. J'ai suivi le père comme tant d'autres, je suis maintenant le fils...
-Pas comme tant d'autres?
-Le fils d'Earnil n'est pas son père, et l'apprécier demande plus d'efforts.
Mais ne perdons pas de temps, montons.
La reine de Cérune s'étonna à ce qu'on ne prenne pas ses armes où ne retienne pas ses compagnons ailleurs. Quoi qu'il en soit, après une assez longue ascension dans une des tours massives de la forteresse embrumée, elle sentit la douce chaleur d'une vaste salle aux nombreuses cheminées. On ouvrit les portes.

Devant elle se tenait de vastes tables formant un "U". Une trentaine de personnes étaient attablés,tout aussi bigarés que les soldats de la basse cour. Si quelques uns auraient pu passer pour de grands et riches seigneurs raffinés, d'autres étaient plus proches du bucheron. Sur ces trentes convives on trouvait une dizaine de femmes. Dames de Fer? Nobles invitées? Femmes des Seigneurs? Prostituées? On n'aurait pû le dire. Au centre se tenaient trois personnes aux gants noirs et en armure de même couleur. Probablement les membres du Thing. Seul celui du centre était debout, et son visage semblait pâle de par ses cheveux noirs. Si son visage n'était pas d'une beauté remarquable, ses yeux le réhaussait : on se perdait dans son regard...

Bienvenu Dames de Cérune! Bienvenu à Gunodum, le castel des milles vents. Votre présence nous honore.
D'un geste large il désigna les 5 places préparées non loin de celles du Thing. Halinna s'attendait à ce qu'on lui baise la main, comme tout un chacun l'aurait fait en pareille occasion. Mais elle préfèra ne pas en faire la remarque...pas tout de suite du moins.
Elle et ses suivantes s'assirent donc et on apporta sans un bruit leurs couverts. Si ceux des Seigneurs de Fer étaient de fer et de bois, les leurs furent d'or et d'argent. Ainsi vit elle que si les Seigneurs de Fer vivaient dans l'austérité, ils n'étaient en rien dépourvus.
Keldath d'Indoril, Roi de Fer , demaurait silencieux tandis qu'on leur servait vin et victuailles simples mais aussi nourissants que bon. Tous les convives la regardaient, et tous attendaient de voir ce que cette jeune et belle femme était venu faire à une heure aussi tardive...

Malgré la chaleur de la salle, c’est à peine si l'invitée avait prit le soin d’entre ouvrir le haut de son manteau au col en fourrure.

Halinna prit doucement la coupe qu’on venait de lui servir, elle allait la porter à ses lèvres mais se ravisa, préférant faire tournoyer distraitement le vin. Ses suivantes observaient la salle, épiant le moindre danger, sans l’ombre d’une hésitation elles protégeraient leur reine. Il y avait là sans doute nombre de ruffians prêts à tout pour de l’or et autant de femmes de mauvaise vie. La Dame de Cérune observa avec amusement l’argent de ses couverts et le bois de celui des « autres ».

Elle afficha alors un petit sourire narquois puis reposa négligemment sa boisson, en laissant choir une lampée sur le sol tandis qu’elle se levait. Son escorte fit de même dans l’instant. Posant la main sur le pommeau en saphir de sa fidèle épée comme pour donner plus de poids à ses mots, elle prit la parole…

Seigneurs de Fer, je m’en voudrais de vous empêcher de ripailler bien longtemps et d’empêcher vos hommes les plus avinés de courir les catins aussi serais-je brève.

Voici maintenant quelques années que les vents et les astres ont guidé mon peuple sur les rivages inhospitaliers de Téliarok.

Si d’ordinaire nous, gens de Cérune, sommes particulièrement indépendants, il arrive un temps ou le salut réside dans l’alliance et l’union. Le Seigneur des terres de Labeladar, m’a conviée à un rapprochement avec vous. Aussi nos intérêts mutuels faisant, c’est sans détour que je vous offre de devenir mes alliés.

Tout en parlant et quelques instants après elle dévisagea les trois seigneurs dans leurs armures de ténèbres. Puis elle posa les yeux sur celui qui semblait être leur chef.

On aurait presque pu la croire aveugle en observant le bleu cristallin de ses iris, mais son regard perçant et la flamme glaciale qui y luisait inspirait tout l’inverse.

Elle marqua une courte pause, puis considérant la salle d’un furtif regard elle reprit…

Nos peuples auraient beaucoup à gagner de tout cela et je n’ai aucun doute que la sagesse vous commande d’étudier on ne peut plus sérieusement ma proposition, mais peut être n’est-ce pas le moment idéal, vous semblez fort occupés à festoyer.

Je ne peux toutefois que vous enjoindre de réfléchir à tout ce qu’une alliance avec nous pourrait vous offrir. Il se pourrait même que je daigne accepter quelques requêtes en gage de bonne volonté et pour vous signifier l’intérêt que je porte à m’attacher votre soutien.

Le vent violent et froid qui fit vaciller un instant les torches et claquer quelques volets de bois ne brisa pas le lourd silence qui s'était installé. Voici que cette femme aussi belle que hautaine venait ici même les insulter de paillaird amateurs de catins tout en souhaitant les rejoindre! Des Seigneurs de Fer croisèrent leurs regards, quelques femmes murmurèrent entre elles ou à l'oreille de leur voisin, d'autres la regardaient, soit outrés, soit amusés.
Le Roi de Fer resta sans mot dire quelques instants. Il se contenta de faire un signe afin qu'un vieux serviteur nettoie le vin versé par l'étrange reine...
Tandis que tous regardaient l'homme aux traits usés accomplir sa tâche ingrate, Borgon sortit sa courte hache ornée et la posa devant lui. La femme blottit contre lui jettait un regard noir à la dame de Cérune.
-Femme! Qui traites tu de catin? De toutes les femelles ici présente tu es bien celle qui empeste le plus!
-Voyons, un peu de calme Borgon. La dame ci présente n'a visiblement pas l'habitude des banquets de victoire et nul doute qu'elle n'a pas cherché à offenser les braves ici assemblés. Pas plus que les diverses damoiselles ci présentes.
L'homme qui était intervenu était d'un tout autre genre. Ses traits de faucon et son bouc lui donnait un air assez retord, mais de haute naissance. Sa silhouette fine était mise en valeur par une tunique digne d'un roi et un collier à l'émeraude éclatant. Il occupait sa main droite en faisant tourner le manche d'une dague...
-Si elles viennent porter le gant noir et prêté le serment de fer, que n'ont elles pas confiance et n'ont pas bu leur coupe?
-Le vin peut être un breuvage trop noble pour les peuples sauvages. Après tout nombre de nos hommes lui préfèrent l'hydromel...
-Elle nous insulte!
-Taisez vous!
-Pourquoi veut elle être des nôtres si ce n'est pour être protégée!
-C'est une espionne!
Un brouhaha emplit la salle.
Il ne dura pas.
Un bruit sourd fit trembler de nombreux couverts. Les trois membres du Thing avaient frappé leur table de leurs gantelets de fer noir. Les gardes de la salle, qui s'ennuyaient fortement jusqu'à l'arrivée de ces étranges visiteurs, étaient aux aguets et tenaient bien en main leurs hallebardes.
Keldath d'Indoril se leva alors, derrière lui s'était approcher le sergent Eriak. Après quelques murmures échangés le vétéran recula, puis se dirigea vers la sortie de la salle.
Seigneurs! Un peu de contenance! Nombre d'entre vous vivaient autrefois dans des lieux bien plus sordides qu'en ce fier donjon. Quelques uns ont même des passés dont le plus sordide paysan rougirait. Cependant nous sommes tous là pour fêter nos victoires contre les pourpreux qui ont ôsé nous défier. Seul leur sang doit couler , et ce soir rien d'autre que la boisson. La dame que voici est venu suite aux invitations du seigneur Labeladar, tourmenteur des nains et grand guerrier. La combativité de notre invitée n'est plus à prouver et le respect lui est dûe.
Il se tourna alors vers Halinna.
Pour cette raison c'est sans crainte qu'elle peut se rassassier, elle et ses hommes et rester ici le temps qu'il lui plaîrat. On ne peut décider de tels accords en une heure et s'en aller comme ce bouffon partit tantôt.
Dame, votre trajet a dû être pénible, restaurez vous puisque nous vous y invitons...
Keldath contourna alors lentement la table, reprit le verre qu'Halinna avait posé et lui retendit..
-Ce n'est pas sa force que je remet en question, mais ses motivations!
L'intervenant était un seigneur nouvellement membre et assez petit. Sa voix aigre était rendue d'autant plus désagréable qu'il parlait lentement.
Le Roi de Fer continua à fixer Halinna.
-C'est pourquoi je propose, puisque notre invitée s'est proposée à accepter une "requête", qu'elle nous prouve sa bonne foi en marchant contre le royaume pourpre de Tognar. Qu'elle nous ramène la preuve qu'elle a détruit diverses bâtiments de cette contrée et alors nous l'accueillerons. Elle prononcera le serment et nos bannières seront les siennes.
Tous les regards se tournèrent à nouveau vers Halinna...

Si un sourire satisfait, bien que discret, avait un temps illuminé le visage d’Halinna, aux paroles du chevalier celui-ci se figea, de glace…
Elle prit la coupe qui lui était tendue. De la rage avec laquelle elle en saisit la garde, seul un petit crissement du cuir de sa main ganté s’en fit l’écho.

Votre demande est simplement intolérable.

D’un geste elle fit signe à ses dames. Celles-ci se préparèrent dans l’instant a escorter leur reine.
Leur souveraine cependant attendait. Le court silence donna plus de poids encore à sa sentence. Elle observa un instant l’or du calice d’un air profondément insatisfaite.

C’est généreusement que je vous tends la main, et vous refusez de faire preuve de sagesse... C’est plus aisément que je mettrais ma main dans un piége à loups. Libre à vous de vouloir patauger dans le sang de vos troupes défaites jusqu’aux genoux, ce n’est pas mon cas.

Elle plongea alors son regard dans celui du chevalier, sa froide détermination s’y lisait avec comme une lueur de défi.

Ce n’est toutefois pas sot, vous ne me demandez rien de plus que d’accomplir avec mon armée ce que les vôtres réunies ne savent faire, si je réussis c’est une grande victoire pour vous, et si mes troupes sont défaites ce serait pour vous un jeudi.

Halinna tourna alors la tête vers la sortie offrant son profil à Keldath, elle la considéra un instant. Un léger souffle de vent vint balayer une mèche de cheveux et lui rafraîchir le visage.

Je vous laisse songer à nouveau au présent que vous désirez pour que vous puissiez vous assoire a ma table comme des alliés.

A ces mots, elle reporta son attention sur l’homme devant elle, puis regarda par dessus l’épaule de celui-ci, guettant une nouvelle fois un brouhaha qu’elle venait sans aucun doute une nouvelle fois de provoquer.
Bien qu’affichant une confiance orgueilleuse, prudente, elle porta doucement sa main depuis le pommeau jusqu'à la garde de son épée...

Cette fois le tumulte fut si soudain et violent que les gardes tardèrent à réagir. On vit quelques seigneurs balayer d'un revers de la main les plats présentés devant eux et des armes furent tirées de leurs fourreaux.
Les femmes poussèrent des cris, quelques uns appellèrent au calme.
Cependant la Garde Noire s'interposa entre les ceruneennes et les hommes de Fer. La puissante hampe de leur hallebarde écarta les plus belliqueux et l'on entendit le roi de Fer crier de cesser cette folie.
C'est alors que la hache vola, passant entre deux épaules de gardes en tournant sur elle même. Lorsque Halinna l'évita d'un mouvement aussi souple que léger, on entendit Borgon jurer, et tous surent que c'était lui qui avait brandit l'arme. Aussitôt La Dame de Cerune tira son épée et ses suivantes l'entourèrent. Voyant cela, Borgon et quelques hommes de sa clientèle brisèrent le cordon de gardes et nul doute à leurs regards que la raison les avait abandonné.
Pas complètement cependant, et lorsqu'au devant de la Dame de Cerune jaillit le Roi de Fer, Borgon eût assez d'esprit pour hésiter un instant. Pas assez cependant pour esquiver les autres seigneurs et quelques gardes qui l'attrapèrent et le maîtrisèrent. Au bout de quelques secondes de cris et d'ordres, on fit sortir tous les hommes de Borgon. Lui même et les seigneurs les plus excités furent conduits de force hors de la vue d'un Keldath furibond.

Au bout de quelques instants, il demanda à tous les Seigneurs de Fer de sortir. Seuls restèrent l'homme au bouc et regard de faucon et Eriak, le vieux soldat nargothien.

Mesdames, Messires, dans mes quartiers je vous prie...

Personne ne dit mot tandis que les serviteurs revenaient timidement remettre un peu d'ordre. Le groupe traversa quelques couloirset arriva devant une porte à deux battants de bois sculptés de chevaux et loups entremêlés. Deux gardes aux armures de même nature que celle d'Eriak leur ouvrirent les portes en saluant respectueusement.
Les quartiers de Keldath étaient d'un charme austère. Nul signe de dorure ou de luxe artistique. Seule la marquetterie isolant les murs et les quelques tapisseries réhaussaient ses appartements. Sur les tables, une multitude vieux parchemins .
Halinna remarqua vite les alambics et autres contenants aux ingrédients mystérieux, ainsi que détranges et vieux objets d'un métal étrange et sur lesquels figuraient des caractères inconnus.
Enfin ils arrivèrent dans une salle assez petite et où le roi devait prendre ses repas solitaires. Quelques chaises étaient disposées ainsi que des fruits sur la table.

Mesdames, je vous en prie...

Le roi invita Halinna et ses quelques suivantes à s'assoir, lui même s'assit ensuite ainsi que le noble au corps frêle. Seul Eriak resta debout derrière son roi, l'air toujours aussi martial.

Dame, je tiens à vous exprimer mes sincères excuses pour ce qui vient d'arriver. Je ferais en sorte que Borgon et ses hommes paient pour cet acte odieux, vous avez ma parole. Je le redis, vous êtes les bienvenus ici...

Les suivantes firent une moue désapprobatrice, et un sourire en coin sur les lèvres d'Halinna firent prendre conscience au roi de Fer qu'après ce qui venait de se passer, ce qu'il venait de dire était quelque peu présomptueux.

Borgon et ses hommes sont des êtres rudes et sans grande reflexion. Mais ce sont aussi de fiers guerriers qui supportent mal ce que beaucoup ont pu prendre pour de l'arrogance aussi hautaine que malvenue en ce jour de fête.
Soit! Le royaume de Tognar est bien défendu et le piller n'est pas chose aisé. Mais que n'avez vous décliné plus simplement la proposition au lieu de nous supposer tous lâches.

Dire à Borgon qu'on envoie une femme faire ce que ses troupes n'ont sû faire, c'est forcemment forcer sa hire, ricana le noble au bouc en attrapant une pomme.

Keldath se ressaisit alors et proposa les fruits en poussant la coupe. Puis il présenta l'homme qui venait d'intervenir. Il s'agissait de sire Femling, un noble oeuvrant autrefois dans l'administration impériale, plus précisemment les renseignements. D'après ses dires, des intrigues de cour l'avaient fait déchoir et , pauvre hère, il s'était exilé et déclaré renégat. Halinna ne douta pas en observant son continuel sourire que le caractère sournois et retord du personnage avait dû jouer également...

Keldath reprit la parole:

Bref, je sais que vous êtes plus que digne de faire partie de notre confédération. Le principe de votre adhésion est donc acquis. Cependant, votre entrée va faire grand bruit après ce qui s'est passé. Il faudrait donc procèder de manière quelque peu extraordinaire...
Le roi prit une inspiration.
Ma chère, vous savez en tout cas manier votre langue. Et je manque de personnes de votre qualité. Daignez accepter le poste de diplomate à mes côtés, et vous serez des nôtres...
Cette fois, Halinna fut prise de court et Femling regarda son roi sans mot dire. La dague qu'il triturait sans cesse ne bougeait plus.
Ne faites pas cette tête, cette charge est autrement plus difficile que de piller Tognar, mais elle a l'avantage de vous protéger d'éventuelles inimitiés et de faire valoir vos talents.
Dame Halinna de Cerune, ambassadrice des Seigneurs de Fer. Si vous avez un minimum d'orgueil comme je le crois, avouez qu'il y a pire comme situation...

Qu'en dites vous?

soyez un peu gentil avec notre nouvelle plomate :-)

bonnes affaires